TARTUFFE de Molière
Compagnie Magna Bestia
Avec cette pièce, Molière livre une satire grinçante de toutes les hypocrisies. 400 ans plus tard, elle reste toujours de mise, en témoigne cette nouvelle adaptation au choix de mise en scène sobre et direct.
« Je peux prendre n’importe quel espace vide et l’appeler une scène. Quelqu’un traverse cet espace vide pendant que quelqu’un d’autre observe et c’est suffisant pour que l’acte théâtral soit amorcé », écrivait Peter Brook. Ce Tartuffe est mis en scène sans décor ; rien que des corps.
Et le texte.
Ceci est une interprétation de Tartuffe au sens musical du terme, comme un pianiste interprète une partition célèbre. La signification et les intentions des répliques ne sont pas modifiées. Quant au geste, il se met au service des indications de l’auteur en les soulignant.
Mais toute exécution suppose un tri.
Comme pour ses créations précédentes, Juliette Feyel a dépoussiéré le texte de Molière. Si la diction choisie privilégie le naturel de la langue d’aujourd’hui en déstructurant le rythme de l'alexandrin classique, c’est pour revivifier, régénérer la virulence de Molière telle que ses contemporains l’ont reçue.
La compagnie n’a pas transposé des problèmes d’antan en équivalents modernes. Que cette pièce parle encore est moins dû à son actualité qu’à son atemporalité. Drame psychologique orchestré au sein d’une famille dominée par un patriarche richissime et diminué, l’intrigue met au jour les mécanismes de l’emprise psychologique. Pourquoi Orgon, qui n'est pas un imbécile, persévère-t-il dans son aveuglement ? Pourquoi est-il animé par une pulsion de mort dont Tartuffe semble être l'outil ? « Et je verrais mourir amis, femme, parents et moi-même avec eux que je m'en soucierais autant que de cela. » Le tyran n'a que le pouvoir que nous lui octroyons.
La pièce peut frapper encore aujourd’hui par la violence des échanges entre tous les personnages, leur égoïsme et leur hypocrisie. La critique des mœurs est située historiquement : elle dénonce les dysfonctionnements de la structure patriarcale. Pourquoi les membres de la famille sont-ils impuissants à enrayer le mouvement inéluctable qui les pousse tous vers la catastrophe ? Cette machine infernale confère au comique de certains passages un aspect grinçant. C'est aussi pour cela que nous optons pour une mise en scène sombre, où le deus ex machina est supprimé, selon la volonté originelle de l'auteur.
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· DISTRIBUTION : COMPAGNIE MAGNA BESTIA
Personnages | Acteur·rice·s | |
DAMIS | Anne Gagnant | |
MARIANE | Pauline Pilote | |
Mme PERNELLE et chant | Anouk Bottero | |
DORINE | Isaure de Galbert | |
CLEANTE et chant | Clémence Fourton | |
VALERE et M. Loyal | Antoine Ducoux | |
TARTUFFE | Charles Boriaud | |
ELMIRE | Tamara Boussac | |
LAURENT, un garde du corps et un policier | Alex Chin | |
ORGON | Juliette Feyel |
· MUSICIEN et compositeur : Colin Favergeon
· MISE EN SCENE : JULIETTE FEYEL